Sidewalk Labs, filiale de Google, s’est associée avec le gouvernement canadien. Ainsi Toronto deviendra la plus grande smart city d’Amérique du Nord. Mais non sans soulever des questions sur la vie privée des habitants.
La course à la ville intelligente s’accélère. Et Alphabet, maison mère de Google, compte bien s’emparer du marché. Via sa filiale Sidewalk Labs, l’entreprise a répondu à un appel d’offre au Canada. Sidewalk Labs va faire de Toronto la plus grande smart city d’Amérique du Nord. Néanmoins, ce futur alléchant soulève quelques questions. Notamment autour de la gestion des données dans la ville intelligente.
Smart city : un projet pharaonique pour Toronto
L’association entre Waterfront Toronto, l’organisme canadien en charge du développement urbain de Toronto, et Sidewalk Labs, a vu naître le projet Sidewalk Toronto. Il s’agit de revaloriser une grande partie des quais de Toronto. Pour ce faire, les friches industrielles seront remplacées par une smart city. Le projet proposé par la filiale de Google se concentrera dans un premier temps sur une petite partie des quais, Quayside. Mais c’est surtout le contenu de la proposition qui est intéressant.
Sidewalk Labs souhaite baser sa smart city sur la gestion d’un maximum de données. Une sorte de big data orienté vers l’amélioration du fonctionnement de la ville. Énergie, eau, circulation, qualité de l’air, éclairage, bâtiments, absolument tout sera soumis au contrôle d’algorithmes, avec une dose d’intelligence artificielle. Mais si la perspective d’une ville parfaite semble se concrétiser, des questions se posent encore. En particulier concernant la collecte et la protection des données.
Smart city : big data ou big brother ?
Comme je le disais dans un précédent article, le concept de smart city a quelque chose d’utopique. Mais si ce mot a été fortement idéalisé, il ne faut pas en oublier l’origine. L’ouvrage de Thomas Moore, publié en 1516, et à l’origine du concept, n’a rien de très réjouissant. Certes la société qu’il y décrit est parfaite. Mais peut-être, précisément, un peu trop. Au point que chaque habitant n’est que la copie conforme d’un autre. La notion de personnalité est, au fond, absente. Alors demain, qu’en sera-t-il de notre vie privée dans la smart city ?
L’un des fondements de la ville intelligente est la collecte et le traitement de données. Plus elles sont nombreuses et précises, mieux la ville est gérée. Mais cette logique a quelques effets pervers. Notamment au niveau de la définition d’une donnée personnelle. Juridiquement subjective dans certains cas, elle tend à disparaître. Et ce trop souvent au nom de la personnalisation des services. Dès lors, que pourra-t-on encore considérer comme une donnée personnelle ? Et surtout qui sera en mesure d’avoir accès à ces informations ?
Je consacrerai d’autres articles à ces questions. Néanmoins, Sidewalk Labs a conscience que les interrogations autour de la gestion des données peuvent être un frein. Sachant cela, la smart city de Toronto saura-t-elle marier ville intelligente et respect de la vie privée ?
Olivier Menguy
Si vous souhaitez plus de détails sur Sidewalk Toronto, vous pouvez suivre ces liens :
• Site officiel du projet
• Deux documents relatifs au projets : cliquez ici et sur ce lien
• Le point de vue de Sidewalk Labs sur la gestion des données privées