Open Source : l’innovation en mode do it yourself

Bien que parfois encore marginal, l’open source est loin d’être un nouveau mouvement. Il tend à devenir l’un des outils majeurs des élans de solidarité. Et l’open source possède des qualités qui pourraient constituer les fondations des innovations disruptives de demain.

La mention open source s’applique souvent à des logiciels. Elle indique, entre autres, la possibilité pour tout un chacun de consulter et modifier le code source à sa guise. Cela ne veut pas dire pour autant que la production concernée soit gratuite  ! Plutôt que de qualifier l’open source de label, je préfère utiliser la notion de mouvement. Voici pourquoi.

L’open source comme outil solidaire

Une production (produit, logiciel, œuvre de l’esprit, etc.) n’est open source que selon certains critères. Ceux-ci sont listés, mieux que je ne peux le faire ici, par l’Open Source Initiative. Ainsi l’open source recouvre plusieurs notions autour de ses productions : conception, fabrication, distribution, etc. La mention open source ne concerne donc pas seulement des lignes de codes. Elle reflète aussi un engagement politique et social.

En 2020, l’open source a su se montrer un excellent outil de solidarité. En particulier pour aider les personnels soignants dans leur lutte contre le Covid-19. Dans ce contexte je souhaite évoquer deux exemples. D’abord, le cas italien d’un adaptateur permettant de transformer un modèle de masque de plongée en respirateur artificiel  ! Cet adaptateur, issu d’une belle démonstration de sérendipité, est facilement imprimable en 3D à partir d’un plan diffusé gratuitement.

Ensuite, l’exemple français du MakAir. Il s’agit d’un respirateur artificiel open source conçu par l’équipe du collectif Makers for life. L’appareil se base lui-même sur un plan open source, comme le MIT dans le cadre d’un projet similaire. Bien qu’assez basique, le respirateur artificiel MakAir fonctionne et ne coûte que 1 000 euros. Soit trente fois moins cher qu’un respirateur classique  ! Et ce n’est pas la seule de ses prouesses.

Open source rime avec contraintes

Nombre de contraintes entourent le MakAir. Des délais de conception et production restreints, liés à l’ampleur de la crise sanitaire. Un coût de production qui se devait de rester bas. Des spécifications techniques précises à respecter. Une rapidité et facilité de construction, prise en main et réparation, etc. La réponse à certaines de ces contraintes est assurée par la « simplicité » de l’appareil et l’impression de certains de ses composants en 3D. Mais ce n’est pas le cas de l’ensemble du MakAir.

Pour le reste des éléments du MakAir, il a fallu s’abroger des canaux de distribution classiques. En effet, les habituels sous-traitants des entreprises productrices de respirateurs artificiels ont un carnet de commande déjà surchargé. Impossible, donc, de s’adresser à elles  ! C’est ainsi que le MakAir s’est affranchi de la chaîne de production des respirateurs artificiels. Ce qui représente déjà, en soi, une innovation  !

Les contraintes, source d’innovations

Pour rebondir sur les contraintes de manière générale, je dirai qu’elles sont intrinsèques à l’open source. Et qu’elles sont, d’une certaine façon, bénéfiques. Pour citer Thomas Stearns Eliot (1888-1965)  : « Forcée à fonctionner dans un cadre strict, l’imagination tourne à plein régime, et produit ainsi ses idées les plus riches. »

Le cas du mouvement open source tend à vérifier cette affirmation. Et en la citant je ne peux m’empêcher de penser au monument de la science-fiction que représente le cycle de Fondation, d’Isaac Asimov (que je recommande vivement). Pour résumer grossièrement, des scientifiques sont installés aux confins de la galaxie sur une planète qui, non contente d’être isolée, est aussi pauvre en ressources  ! Ne disposant que de ce cadre strict, de leurs connaissances et de leur ingéniosité, ces scientifiques parviennent à survivre et à se développer, à grands renforts d’innovations  !

Ainsi, si le mouvement open source est parfois marginalisé, notamment du fait de sa réputation de concevoir des produits peu flatteurs (GIMP, par exemple, est rarement cité en tant que parangon d’UX design), il n’en est pas moins un solide outil d’innovation. Une innovation « fait maison », grâce à la volonté des makers de distribuer leurs savoirs et leurs outils. Et ce, dans le but de permettre à tout un chacun de s’en servir, afin, pourquoi pas, de créer depuis chez soi les innovations disruptives de demain.

Olivier Menguy

Pour aller plus loin :
• Site internet opensource.org
• Projet d’adaptateur pour masque de plongée
• Projet MakAir
• Projet MIT E-VENT

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