Innover coûte beaucoup d’argent, surtout à l’échelle d’une ville. Les investisseurs peuvent être trop prudents, ou pas assez. L’expérimentation permet d’équilibrer le modèle économique de développement des smart cities.
Questionner les smart cities et évoquer leurs enjeux est une chose. Tout comme parler des expérimentations qui sont menées. Cependant derrière les smart cities, il y a de l’argent. Beaucoup d’argent. À tel point que la société Cisco a récemment levé un milliard de dollars pour financer la ville intelligente.
L’innovation, un pari sur l’avenir
Innover c’est entamer un processus de changement. Il peut être plus ou moins profond, plus ou moins rapide. Néanmoins il est par définition nouveau et manque donc de documentation. Comment investir dans une innovation dans ces conditions ? En particulier dans notre cas, à l’échelle d’une ville. Quel modèle économique adopter pour innover ?
Innover c’est parier sur l’avenir. C’est se donner une vision du monde de demain. Et surtout se donner les moyens de son ambition. Cependant, il est naturel d’être prudent. C’est pour cela que les acteurs publics (État, communes, communautés de communes) mettent en place des subventions. Car eux aussi sont demandeurs d’innovations pour leurs territoires. Par exemple en 2009 aux États-Unis, l’American Recovery and Reinvestment Act contenait onze milliards de dollars dédiés aux smart grids. Mais cela n’est pas suffisant.
L’expérimentation, régulateur économique de l’innovation ?
Pour les acteurs privés, le financement de l’innovation est souvent lié à un capital risque. Cisco en est un bon exemple. Via Cisco Capital, la société a réuni un milliard de dollars pour financer des projets de smart cities. Et ce n’est rien en comparaison de l’Arabie Saoudite qui souhaite développer une smart city estimée à 425 milliards d’euros. Face à ces sommes colossales il est difficile de donner une valeur réelle aux villes intelligentes. D’où le rôle essentiel de l’expérimentation.
Le principal risque dans l’économie de l’innovation est la spéculation. Comme dans les années 2000 avec la bulle Internet. L’expérimentation permet d’ancrer la smart city dans l’économie réelle. La multiplication des démonstrations à travers le monde permet de mieux se rendre compte de la valeur de cette innovation. Dans l’une de ses publications, Valérie Lesgards, économiste chez EDF, le montre avec l’exemple des smart grids. Ces derniers faisant d’ailleurs partie des équipements des smart cities. Ainsi l’expérimentation permet de rassurer les premiers investisseurs et d’en attirer d’autres pour des projets toujours plus innovants.
Olivier Menguy